DESSINE-MOI UN PIANO


curieux concert burlesque imaginé, partitionné et interprété

par Jean-Paul Farré


mise en scène Stéphane Cottin


costumes Chouchane Abello-Tcherpachian - lumière et vidéo Léonard


du 12 au 25 novembre 2021


salle Antoine Vitez

Ils en parlent

Quel plaisir mais quel plaisir que ce bain musical et burlesque ! Cette folie talentueuse, cette générosité pleine de joie !

« C'est l'histoire d'un pianiste qui prépare, entretient et astique le piano pour le concert du maestro... C'est aussi l'histoire d'un pianiste qui découvre que les 88 touches du clavier ont dis- paru... C'est encore l'histoire d'un pianiste qui s'aperçoit que son instrument de travail est porté sur la boisson... Et si c'était l'histoire d'un artiste qui interprète de trois différentes manières le début d'un spectacle et enchaîne directement sur la fin de la représentation ?... »

Jean-Paul Farré n'est pas que musicien, conteur, clown, comédien (excellent au demeurant) et auteur. Non, ce n'est que ça Jean-Paul Farré. C'est tout ça à la fois mais c'est surtout un fou furieux artistique, un empêcheur de vie morne, un éviteur de moments fades, un bousculeur de normes, un revanchard des heures perdues.

Il faut absolument se laisser prendre au piège de ce spectacle jouissif, se laisser aller aux rires et aux sourires, se faire surprendre chaque fois où on ne s'y attend pas. Lâcher prise enfin, encore et encore. Que c'est bon !

Une ambiance particulière que les fidèles de ses « spectacles en solitaire » comiques reconnaîtront. Une ambiance complice et chaleureuse alliée à un fichu beau talent. Là où la vis comica se fait tour à tour fourbe et poétique, Jean-Paul Farré n'est jamais loin. Le spectacle est ficelé façon gags et saillies. Tout tourneboule et ricoche.

L'écriture n'est pas oubliée dans ce spectacle, ô que non ! Elle se fait brillante et équilibrée. Le propos est bien pesé. Les notes explosent, glissent ou s'envolent. Les mots les accompagnent avec science et subtilité. Il y a comme une déclaration d'amour au Piano dans cette partition dite et ce récit musical.

L'ensemble est réglé au cordeau par la mise en scène de Stéphane Cottin qui donne au spectacle un rythme « allegro non serioso ». Une mise en place qui accompagne avec précision le ou les personnages dans ce délire déglingué et roublard. Une volonté évidente de furie drôle, tendre et merveilleuse traverse tout le long.

Un spectacle aux charmes fous d'une poésie d'enfance dite par un clown majestueux. Des vagues déferlantes de rire intelligent, en verbe et en musique. Un artiste de grand talent. Un moment magique, courez-y !

Spectacle vu le 8 juillet 2021

Frédéric Perez




Allez, je reste aux Gémeaux pour découvrir à 17 h 20 la nouvelle mise en scène de Stéphane Cottin à partir des délires burlesques, imaginés et partitionnés par le musicien–comédien Jean-Paul Farré, Dessine-moi un piano. Ce pianiste-orchestre a déjà prouvé dans le passé sa maitrise à nous livrer un récital dé-concertan. Le voilà qui revient à trottinette, fait tomber les notes, joue l'épouvantail à piano, frappe les trois coups avec des sacs en papier (c'était le jeu préféré de mon père pour nous effrayer mon petit frère et moi). Se proclame Auguste face à un partenaire qui serait le clown blanc, sauf qu'il est noir. Il nous fait partager ses souvenirs d'astiqueur, de blanchisseur de touches, remplaceur de pédale, accordeur, déménageur de pupitre, testeur de tabouret,… et de banquette, tourneur de page.

Il ramène régulièrement ses cheveux derrière l'oreille pour nous mettre de mèche avec lui. Son discours est surréaliste mais sa dextérité est prodigieuse. Il mérite bien plus qu'une note en bas de page. La meilleure évidemment.

Il joue assis sur une banquette, sur un siège, sur un ballon. Il est loufoque et sérieux à la fois. Le spectacle est enrichi de ponctuations musicales enregistrées entre les tableaux. Un chat miaule sur la lettre à Élise. Il décroche un sol. Quand il termine en nous confiant : Dessine-moi un piano, ce sera mon petit prince à moi, on veut lui répondre que c'est aussi un petit peu le nôtre.

                                                                           Marie-Claire Poirier - 8 Juillet 2021          


Aventure burlesque d'un chauffeur de clavier par le petit bout de la lorgnette.


Nous entrons dans la salle, heureux d'envisager avec un tel comédien de passer plus d'une heure de bon temps.Nous sommes accueillis par un pianiste en queue de pie qui répète en jetant avec désinvolture ses partitions sur le sol après lecture, le tourneur de pages étant absent, sans doute occupé à des tâches plus importantes.Et comme le dira très justement notre artiste, « n'oublions pas qu'un tourneur de pages, c'est quelqu'un qui sait lire la musique mais ne sait pas la jouer… ». Le ton est donné !

Puis tout d'un coup, il prend conscience qu'il n'est pas seul et que le public attend le concertiste, il s'excuse de sa présence mais nous explique les fondamentaux de sa fonction.

Et c'est parti pour 1h10 de délires non stop.

Stéphane Cottin dans sa mise en scène d'une précision symphonique a su tirer profit du côté clownesque de Jean-Paul Farré sans en abuser.

Il a mis en avant sa folie légendaire sans en appuyer les effets qui sont d'un naturel désarmant.

Rendez-vous compte le piano travaille six heures par jour, un échauffement nécessaire afin que le concertiste puisse venir délecter son public pendant une à deux heures. Et cela est le travail de l'ombre de notre pianiste de la soirée.

Il aura fort à faire avec ce piano qui n'a pas dit son dernier mot, las de ces vicissitudes, avec son clavier porté sur la boisson.

Un piano qui en a marre de jouer à longueur de journée pour faire répéter les petits rats devant leur miroir : quelle déchéance pour un piano à queue digne des plus grands répertoires dans les plus majestueuses salles de concert, sans oublier sa révision indispensable des 60.000 notes s'il veut continuer à être performant.

Nous admirons avec un certain plaisir notre Auguste devant son piano blanc, noir devrais-je dire…le coach du piano qui jouait assis…quoique…

Et pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué : tout le monde sait que le début et la fin d'un spectacle est ce qu'il y a de plus important, le milieu n'étant qu'un remplissage pour tenir en haleine le spectateur…seul le résultat compte…

Cet homme est fou, fou pour notre plus grand plaisir, une folie maîtrisée, plus dure qu'il n'y paraît, il nous emporte vers les portes de la liberté, liberté de penser, de rire, de s'émouvoir. Nous proposant différents finals tous plus abracadabrantesques les uns que les autres aidés en cela par les vidéos fantastiques de Léonard apportant une touche de poésie dans ce capharnaüm de notes en délire.

Vous l'aurez compris, courez voir, entendre, admirer Jean-Paul Farré dans un enthousiasme salvateur.

Bruno Rogza - 10/07/21

SUDART-Culture

Un spectacle jubilatoire et très inventif de et avec Jean Paul Farré qui a imaginé ce concert burlesque. Sur un grand écran en fond de scène, une partition d’où les notes vont descendre où quelque fois s’échapper, en ouverture, il y en aura quatre versions différentes, J.P Farré « chauffe le piano » il l’entretient en prévision du concert du maestro, nous raconte la vie de ce piano de sa petit enfance, de « piano prodige » jusqu’à sa vie d’adulte dans un conservatoire de banlieue et à son ascension sociale en tant qu’instrument de concert de prestige.

Un formidable seul en scène, un récital de bric et de broc où l’imagination vagabonde allègrement, où compte surtout le début, pour capter l’attention du public et la fin, pour les applaudissements, comme le dit J.P Farré le milieu on s’en arrange toujours.

On s’y amuse de bout en bout comme J.P Farré alerte sur sa trottinette, revenant le frac déchiré, mais encore plus dynamique que jamais. BRAVO

A voir absolument pour public adulte et grands ados .


Geneviève Coulomb - 10/07/21       


Yeux ronds comme des billes, cheveux indomptés, en costume queue de pie, Jean-Paul Farré a des airs de savant fou. Il est en réalité un pianiste lambda chargé de préparer le précieux instrument pour le « Maestro ». Les saynètes burlesques ponctuent des cascades surprenantes. Le comédien musicien virtuose fait le clown avec bonheur en donnant une désopilante leçon de piano non dénuée de poésie. Il y a du Devos, du Chaplin et du Jacques Tati. On apprend des choses en quelques notes par petites touches. Jean-Paul Farré emballe le public.


Nathalie Simon - 14/07/21